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copyright Thierry TOURNEBISE
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La préparation à l’accouchement
L’accouchement est l’aboutissement de la grossesse et naturellement de la
conception. Un moment attendu… et pourtant parfois source d’inquiétudes.
Les inquiétudes y sont physiologiques et techniques: comment
ça se passe? est-ce que ce sera douloureux? comment se comportent les parties du
corps entrant en jeu dans la naissance?… mais aussi comment favoriser au
mieux la sécurité de la naissance de l'enfant, autant que son propre confort,
en tant que mère.
Les inquiétudes y sont également psychologiques:
il va falloir se
séparer, l’enfant va passer du dedans au dehors, la mère se demande parfois
si elle saura être une mère à la hauteur...etc.
La préparation à l’accouchement de la mère
devrait aussi prévoir la préparation à la naissance
de l'enfant. Préparer la naissance à venir c'est aider à l’individualisation
mère-enfant pendant la grossesse. C'est aider à être proche, intime, mais
distinct, car on ne se rencontre vraiment que si on est distinct l'un de
l'autre. Cela permet de prévenir la déprime
de la naissance
Côté physique de la préparation
Depuis longtemps, l’accent a été mis sur la découverte de l’anatomie
féminine. De nombreuses femmes, connaissant mal leur corps, trouvent un grand
avantage dans cette étape de la préparation.
Comprendre comment l'évènement physique se passe est important. Mais le risque à ce niveau est de
trop mettre l’accent sur les différentes difficultés susceptibles de se produire…
et de provoquer ou d’augmenter l’inquiétude de la mère.
Ce côté technique de la préparation abordera donc l’anatomie, la
respiration, les mouvements à faire pendant les contractions.
Côté psychologique de la préparation
La relaxation, la sophrologie, la
visualisation sont des méthodes souvent
utilisées pour préparer la mère à vivre plus sereinement son accouchement.
Cela lui permet de mieux se disposer mentalement
, de
trouver en elle des
ressources et de l’énergie qu’elle pourra mobiliser le jour J. En cas de
difficulté elle sera ainsi moins soumise au stress émotionnel ou à la peur, elle
saura mieux se relâcher, tout en disposant de plus d’énergie.
Côté communication de la préparation
De plus en plus de sages femmes abordent l’aspect de la communication de la
mère avec l’enfant. Mais cela n’est pas généralisé. Communication
tactile, verbale, pensée, intime, intérieure...
Hélas, on dit "préparation à l’accouchement"
mais rarement "préparation à la naissance".
Or, trop souvent, si on conçoit bien que la mère accouche, on a tendance à oublier
que l’enfant, lui, naît. Il est judicieux de s’occuper des deux aspects
de l’évènement.
Comme nous l’avons vu plus haut, le lien mère-enfant passe de la fusion
vers l’individualisation. Cette individuation doit si possible se faire avant
la naissance. Ce travail devrait faire partie intégrante de la préparation à
l'accouchement-naissance.
Il s’agit ici de permettre une communication mère-enfant qui ne soit pas
une relation fusionnelle. Il s'agit que la mère apprenne à s’adresser à son enfant comme à un
Être qui est autre et non comme à un Elle-même-intérieur.
Cette individuation et cette rencontre prénatale feront que la naissance
sera une heureuse continuité et non une rupture. Il sera toujours plus dure pour la mère de "lâcher"
un enfant qu’elle n’a pas encore rencontré.
Il m’est déjà arrivé en consultation de rencontrer une patiente ne
"sentant pas sa fille" de 12 ans (contrairement à ses
autres enfants). Cette patiente découvrit que le dernier moment où elle l’a
senti c’était pendent sa grossesse. Nous repartîmes de là pour effectuer
psychologiquement la
rencontre qui ne s’était pas faite. Elle se mit aussitôt à mieux sentir sa
fille, à se sentir plus mère.
Souvent, quand un tel travail n’est pas fait,
la mère risque de se
crisper, de se "resserrer" pour ne pas laisser échapper
cet enfant… à l’idée qu’il parte, il lui manque déjà! En plus le
terme "expulsion" est maladroit (on a l’impression qu’on
va en faire un SDF!) et aggrave ce sentiment d’inquiétude à le laisser
naître.
Cette naissance étant alors plus vécu comme un déchirement que comme une
joie, il s’en suit alors une déprime qui n’est pas que d’origine
hormonale.
La naissance
La mère
La naissance, pour la mère, c’est de toute façon cesser de ne faire qu’un,
au moins physiquement. Laisser
naître l’enfant, c’est accepter qu’il soit autre.
Ce lâcher prise peut ne pas être si évident et devrait occuper une partie de
la préparation à l’accouchement qui est aussi naturellement une préparation
à la naissance.
C’est le moment où la mère va rencontrer son enfant dans une nouvelle
réalité physique, avec d’autres perceptions. L’enfant rêvé et
ressenti se matérialise d’une façon nouvelle. Un contact différent se
prépare, même s’il n’est (ou ne devrait être) que le prolongement du
contact vécu pendant la grossesse.
Cette étape se passe beaucoup plus sereinement si l’individualisation s’est
déjà faite avant la naissance.
Moins de douleur pour
la mère: depuis quelques décennies déjà l’obstétrique
a eu l’idée de se préoccuper de la mère. Plus exactement, on s’est
préoccupé de sa souffrance physique avec le fameux accouchement
"sans douleur" surtout basé sur la respiration.
Puis les sages femmes se sont préoccupées de la douleur avec la dimension
plus délicate de la relaxation, de la sophrologie, des visualisations.
Enfin, pour permettre un plus grand confort de la mère, la médecine a développé la fameuse péridurale. Mais ici on s’est aperçu que
certaines femmes, si elles ne veulent pas souffrir, veulent néanmoins sentir
naître leur enfant. Naturellement il s’agit que la péridurale soit
davantage destinée au confort de la mère... qu' à celui de l’accoucheur (qui
souhaite parfois une parturiente plus calme, surtout pour lui-même travailler
sans gène) .
Puis la communication tactile et sensible s’est
développée avec l’haptonomie,
amenant une dimension très humaine, remplie de délicatesses.
Malheureusement, nous constatons que la dimension psychologique de la
naissance est encore trop souvent négligée. Tout au plus parle-t-on du baby
blues qui suit la naissance. Nous en reparlerons plus loin.
L’enfant
Si la psychologie de la mère a longtemps (et encore aujourd’hui) été
négligée, celle de l’enfant le fut encore plus. On a longtemps cru que
l’enfant nouveau-né ne sentait rien. Tout en ayant beaucoup de respect pour
cette vie nouvelle venant au monde, on ne s’est que fort peu préoccupé des
ressentis subtils habitant cette étape de la vie.
Or les
psychologues et psychothérapeutes se sont aperçus dans certaines
thérapies que la naissance est chargée de nombreux ressentis, y compris l’étape
prénatale.
Naître, pour l’enfant, c’est se retrouver dans le
monde du
discontinu comme nous l’avons vu plus haut au paragraphe "Le
nid". Une étape vraiment nouvelle, dans laquelle il fait l’apprentissage d’un début d’autonomie. Même en dehors de
toute problématique particulière, c’est déjà au moins de cela qu’il s’agit
pour lui!
L’enfant à naître est déjà quelqu’un! Nous devons à quelques médecins
comme Frédéric Leboyer ("Pour une
naissance sans violence" - 1974 au SEUIL) ou Michel Odent
("Bien Naître" 1976 au SEUIL) de s’être enfin préoccupé du
confort de l’enfant. Si le côté sécurité avait évolué, le côté
sensibilité et psychologie de l’enfant était bien en retard. On remarquera
aussi la démarche de Frans Veldman (L’haptonomie) où l’enfant
à naître est reconnu
à part entière dans son existence physique, sensible et
émotionnelle. Nous avons eu le bonheur aussi de découvrir en 1985
cette émission de Bernard Martino sur TF1 "Le Bébé est une
personne". Plusieurs médecins nous y ont montré une approche sensible et
très délicate de l'enfant à naître ou du nouveau né.
Malheureusement, toutes ces nuances ne font même pas encore aujourd'hui le
quotidien de toutes les maternités... loin s'en faut!
Pourtant, la médecine s'intéresse enfin
à la douleur du nourrisson. Mais le chemin fut long! Elle
a même longtemps opéré les tout-petits sans
anesthésie (y compris sur des interventions lourdes), pensant qu’ils ne sentaient
rien. Il y avait encore tant de chemin pour comprendre qu’ils sont des êtres
de nuances et de sensibilité.
Depuis vingt ans, les progrès ont
permis de découvrir que le système nerveux de
l'enfant perçoit la douleur (influx nocioceptifs) dès la 8e semaine de
grossesse. Ce sont au contraire les
mécanisme d'inhibition et de protection contre la douleur qui sont immatures
jusqu'au 3e mois après la naissance. La réflexion (non encore
complètement aboutie) porte donc même sur la douleur de l'enfant in-utéro.
Elle pose alors le problème des interventions invasives que la médecine
actuelle permet d'accomplir pour sauver des enfants en difficulté pendant la
grossesse.
(informations contenue dans le Rapport de
l'Académie Nationale de Médecine de Mars 2001: "Les avancées dans
le domaine des douleurs et de leur traitement chez l'adulte et chez
l'enfant") site www.pediadol.org
Nous commençons heureusement à réaliser que si la mère accouche, l’enfant,
lui, accomplit sa naissance. Nous comprenons enfin que cet événement est un moment majeur de sa
vie et
qu’un souvenir inconscient en marquera son existence.
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