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Venue au monde

 

La préparation à l’accouchement

L’accouchement est l’aboutissement de la grossesse et naturellement de la conception. Un moment attendu… et pourtant parfois source d’inquiétudes.

Les inquiétudes y sont physiologiques et techniques: comment ça se passe? est-ce que ce sera douloureux? comment se comportent les parties du corps entrant en jeu dans la naissance?… mais aussi comment favoriser au mieux la sécurité de la naissance de l'enfant, autant que son propre confort, en tant que mère.

Les inquiétudes y sont également psychologiques: il va falloir se séparer, l’enfant va passer du dedans au dehors, la mère se demande parfois si elle saura être une mère à la hauteur...etc.

La préparation à l’accouchement de la mère devrait aussi prévoir la préparation à la naissance de l'enfant. Préparer la naissance à venir c'est aider à l’individualisation mère-enfant pendant la grossesse. C'est aider à être proche, intime, mais distinct, car on ne se rencontre vraiment que si on est distinct l'un de l'autre. Cela permet de prévenir la déprime de la naissance

Côté physique de la préparation

Depuis longtemps, l’accent a été mis sur la découverte de l’anatomie féminine. De nombreuses femmes, connaissant mal leur corps, trouvent un grand avantage dans cette étape de la préparation.

Comprendre comment l'évènement physique se passe est important. Mais le risque à ce niveau est de trop mettre l’accent sur les différentes difficultés susceptibles de se produire… et de provoquer ou d’augmenter l’inquiétude de la mère.

Ce côté technique de la préparation abordera donc l’anatomie, la respiration, les mouvements à faire pendant les contractions.

Côté psychologique de la préparation

La relaxation, la sophrologie, la visualisation sont des méthodes souvent utilisées pour préparer la mère à vivre plus sereinement son accouchement.

Cela lui permet de mieux se disposer mentalement , de trouver en elle des ressources et de l’énergie qu’elle pourra mobiliser le jour J. En cas de difficulté elle sera ainsi moins soumise au stress émotionnel ou à la peur, elle saura mieux se relâcher, tout en disposant de plus d’énergie.

Côté communication de la préparation

De plus en plus de sages femmes abordent l’aspect de la communication de la mère avec l’enfant. Mais cela n’est pas généralisé. Communication tactile, verbale, pensée, intime, intérieure...

Hélas, on dit "préparation à l’accouchement" mais rarement "préparation à la naissance". Or, trop souvent, si on conçoit bien que la mère accouche, on a tendance à oublier que l’enfant, lui, naît. Il est judicieux de s’occuper des deux aspects de l’évènement.

Comme nous l’avons vu plus haut, le lien mère-enfant passe de la fusion vers l’individualisation. Cette individuation doit si possible se faire avant la naissance. Ce travail devrait faire partie intégrante de la préparation à l'accouchement-naissance.

Il s’agit ici de permettre une communication mère-enfant qui ne soit pas une relation  fusionnelle. Il s'agit que la mère apprenne à s’adresser à son enfant comme à un Être qui est autre et non comme à un Elle-même-intérieur.

Cette individuation et cette rencontre prénatale feront que la naissance sera une heureuse continuité et non une rupture. Il sera toujours plus dure pour la mère de "lâcher" un enfant qu’elle n’a pas encore rencontré.

Il m’est déjà arrivé en consultation de rencontrer une patiente ne "sentant pas sa fille" de 12 ans (contrairement à ses autres enfants). Cette patiente découvrit que le dernier moment où elle l’a senti c’était pendent sa grossesse. Nous repartîmes de là pour effectuer psychologiquement la rencontre qui ne s’était pas faite. Elle se mit aussitôt à mieux sentir sa fille, à se sentir plus mère.

Souvent, quand un tel travail n’est pas fait, la mère risque de se crisper, de se "resserrer" pour ne pas laisser échapper cet enfant… à l’idée qu’il parte, il lui manque déjà! En plus le terme "expulsion" est maladroit (on a l’impression qu’on va en faire un SDF!) et aggrave ce sentiment d’inquiétude à le laisser naître.

Cette naissance étant alors plus vécu comme un déchirement que comme une joie, il s’en suit alors une déprime qui n’est pas que d’origine hormonale.

La naissance

La mère

La naissance, pour la mère, c’est de toute façon cesser de ne faire qu’un, au moins physiquement. Laisser naître l’enfant, c’est accepter qu’il soit autre. Ce lâcher prise peut ne pas être si évident et devrait occuper une partie de la préparation à l’accouchement qui est aussi naturellement une préparation à la naissance.

C’est le moment où la mère va rencontrer son enfant dans une nouvelle réalité physique, avec d’autres perceptions. L’enfant rêvé et ressenti se matérialise d’une façon nouvelle. Un contact différent se prépare, même s’il n’est (ou ne devrait être) que le prolongement du contact vécu pendant la grossesse.

Cette étape se passe beaucoup plus sereinement si l’individualisation s’est déjà faite avant la naissance.

Moins de douleur pour la mère: depuis quelques décennies déjà l’obstétrique a eu l’idée de se préoccuper de la mère. Plus exactement, on s’est préoccupé de sa souffrance physique avec le fameux accouchement "sans douleur" surtout basé sur la respiration.

Puis les sages femmes se sont préoccupées de la douleur avec la dimension plus délicate de la relaxation, de la sophrologie, des visualisations.

Enfin, pour permettre un plus grand confort de la mère, la médecine a développé la fameuse péridurale. Mais ici on s’est aperçu que certaines femmes, si elles ne veulent pas souffrir, veulent néanmoins sentir naître leur enfant. Naturellement il s’agit que la péridurale soit davantage destinée au confort de la mère... qu' à celui de l’accoucheur (qui souhaite parfois une parturiente plus calme, surtout pour lui-même travailler sans gène) .

Puis la communication tactile et sensible s’est développée avec l’haptonomie, amenant une dimension très humaine, remplie de délicatesses.

Malheureusement, nous constatons que la dimension psychologique de la naissance est encore trop souvent négligée. Tout au plus parle-t-on du baby blues qui suit la naissance. Nous en reparlerons plus loin.

L’enfant

Si la psychologie de la mère a longtemps (et encore aujourd’hui) été négligée, celle de l’enfant le fut encore plus. On a longtemps cru que l’enfant nouveau-né ne sentait rien. Tout en ayant beaucoup de respect pour cette vie nouvelle venant au monde, on ne s’est que fort peu préoccupé des ressentis subtils habitant cette étape de la vie.

Or les psychologues et psychothérapeutes se sont aperçus dans certaines thérapies que la naissance est chargée de nombreux ressentis, y compris l’étape prénatale.

Naître, pour l’enfant, c’est se retrouver dans le monde du discontinu comme nous l’avons vu plus haut au paragraphe "Le nid". Une étape vraiment nouvelle, dans laquelle il fait l’apprentissage d’un début d’autonomie. Même en dehors de toute problématique particulière, c’est déjà au moins de cela qu’il s’agit pour lui!

L’enfant à naître est déjà quelqu’un! Nous devons à quelques médecins comme Frédéric Leboyer ("Pour une naissance sans violence" - 1974 au SEUIL) ou Michel Odent ("Bien Naître" 1976 au SEUIL) de s’être enfin préoccupé du confort de l’enfant. Si le côté sécurité avait évolué, le côté sensibilité et psychologie de l’enfant était bien en retard. On remarquera aussi la démarche de Frans Veldman (L’haptonomie) où l’enfant à naître est reconnu à part entière dans son existence physique, sensible et émotionnelle. Nous avons eu le bonheur aussi de découvrir en 1985 cette émission de Bernard Martino sur TF1 "Le Bébé est une personne". Plusieurs médecins nous y ont montré une approche sensible et très délicate de l'enfant à naître ou  du nouveau né.

Malheureusement, toutes ces nuances ne font même pas encore aujourd'hui le quotidien de toutes les maternités... loin s'en faut!

Pourtant, la médecine s'intéresse enfin à la douleur du nourrisson. Mais le chemin fut long! Elle a même longtemps opéré les tout-petits sans anesthésie (y compris sur des interventions lourdes), pensant qu’ils ne sentaient rien. Il y avait encore tant de chemin pour comprendre qu’ils sont des êtres de nuances et de sensibilité. 

Depuis vingt ans, les progrès ont permis de découvrir que le système nerveux de l'enfant perçoit la douleur  (influx nocioceptifs) dès la 8e semaine de grossesse. Ce sont au contraire les mécanisme d'inhibition et de protection contre la douleur qui sont immatures jusqu'au 3e mois après la naissance. La réflexion (non encore complètement aboutie) porte donc même sur la douleur de l'enfant in-utéro. Elle pose alors le problème des interventions invasives que la médecine actuelle permet d'accomplir pour sauver des enfants en difficulté pendant la grossesse. 

(informations contenue dans le Rapport de l'Académie Nationale de Médecine de Mars 2001: "Les avancées dans le domaine des douleurs et de leur traitement chez l'adulte et chez l'enfant") site www.pediadol.org 

Nous commençons heureusement à réaliser que si la mère accouche, l’enfant, lui, accomplit sa naissance. Nous comprenons enfin que cet événement est un moment majeur de sa vie et qu’un souvenir inconscient en marquera son existence.


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