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4 De l'écoute à la thérapie

Quand sommes-nous dans l'écoute ? Quand devenons-nous aidants
A partir d'où, sommes-nous dans une
démarche thérapeutique ?
 

Il est souhaitable de mieux différencier: 
I) Communication
II) Aide
III) Thérapie.  

Communiquer, c'est déjà aider. Mais être dans une démarche d'aide,  c'est un peu plus. Quand à la thérapie, il y a quelque chose qui la distingue clairement de l'aide. 

I) Être communicant

La rareté de la communication. Être communicant c'est être ouvert. C'est entendre l'autre dans ce qui est important pour lui. Or cela se produit rarement au cours de la vie depuis la naissance jusqu'à la fin. C'est pour ça que c'est déjà beaucoup quand il y a ne serait-ce qu'un peu de communication !

Bébé. Même avec beaucoup d'amour, quand bébé pleure, son parent le prend… pour le Enfant. Il a grandit. S'il tombe et qu'il braille… il y a toujours quelqu'un d'attentionné pour lui dire ces paroles rassurantes "C'est rien, ne t'inquiète pas, ne pleure pas". Or s'il pleure, c'est que pour lui c'est quelque chose ! Ce qu'il sent est ici tout bonnement nié. 

Adolescent. Vient le temps des chagrins d'amour. A ses larmes il (ou elle) s'entend dire "Mais ce n'est rien, tu en verras d'autres… un (ou une) de perdu(e), dix de retrouvé(e)s"

Adulte. Le couple sera sans doute un lieu privilégié ? Mais il (ou elle) s'entend dire "Pourquoi tu veux voir ce truc à la télé?" ou "Je ne comprend vraiment pas pourquoi tu tiens tant à voir tes parents!"  Ou dans un moment de vague à l'âme il (ou elle) s'entend dire "il ne faut pas t'en faire, tu dramatises trop, il ne faut pas te laisser aller ...etc." Ce qui est curieux, c'est que plus on "connaît" l'autre, plus on a tendance à l'imaginer plutôt que de l'entendre quand il s'exprime... c'est un des principaux écueils... car il y plein de choses à entendre qui ne sont pas entendues.

Dans la Vie professionnelle. Il paraît qu'on communique plus. Il y a des entretiens, des réunions, des négociations... Mais quand il (ou elle) y donne son avis il (ou elle) s'entend objecter "Mais vous savez très bien que ce n'est pas possible". En général on a alors exactement trois secondes pour prendre la parole et se justifier avant d'être coupé. 

Âge mûr. La maturité peut faire espéré d'être enfin entendu ? Mais là encore il (ou elle) s'entendra dire par les enfants et petits enfants "Tu peux pas comprendre… de ton temps… c'est dépassé!"

Personne âgée. Parfois la maison de retraite peut s'avérer nécessaire. Là au moins l'entourage soignant sera aux petits soins. Ça devrait être mieux sur le plan de la communication (malgré les nombreux inconvénients). Pas du tout ! Le jour où il (ou elle) dit "j'ai pas très faim" le soignant lui répond "mais il faut manger, ça vous fera du bien". Quand il (ou elle) dit "Je me sens seul" on lui répond "Mais nous sommes là… et puis vous allez avoir de la visite!"

Communiquer c'est un peu donner la vie. Le tableau ci-dessus est bien sûr caricatural. Vous remarquerez que le manque de communication n'y est même pas le manque de parole. Mais elle est si rare que même quand il n'y en a qu'un peu... c'est déjà une incommensurable bouffée d'oxygène.

Communiquer, c'est bien plus que des techniques de parole. C'est surtout être ouvert à l'autre, l'entendre vraiment et le lui faire savoir. Par exemple dans un service de soin,  un monsieur gravement malade et invalide ne veut plus vivre et se laisse mourir. Toute l'équipe essaie de le motiver, de l'encourager, de le remonter, le stimuler… rien n'y fait ! Sauf une soignante qui, lui donnant à manger voit vraiment son désarroi. Elle lui dit seulement "Vous ne voulez plus…?" avec ce qu'il faut dans le non verbal pour lui signifier qu'elle a bien entendu qu'il ne veut plus vivre. A partir de ce moment il a remonté la pente.

Être communicant, c'est un peu donner la vie, car l'autre cessant d'être nié commence à exister. On peut faire cela même quand on n'a pas de solution à apporter (comme dans l'exemple ci-dessus). Communiquer c'est simplement valider ce que ressent l'autre tel qu'il le ressent. 

II) Aider et accompagner

Aider et accompagner, c'est faire un peu plus que communiquer.
C'est d'abord aider l'autre à exprimer plus de nuances sur son ressenti grâce au guidage non directif (phase de localisation). On aboutit ainsi à la raison passée du ressenti présent. Puis ensuite il y a la phase de validation de cette raison.

Localisation de la raison du ressenti:

Selon la profondeur de l'aide, cette localisation peut même parfois aller jusqu'à la raison profonde (cause première) de ce ressenti, y compris quand cette raison est très ancienne dans l'histoire de la personne. L'aide peut souvent faire émerger des choses inconscientes, mais elle n'est pas pour autant une thérapie. La localisation n'est d'ailleurs même pas encore de l'aide s'il n'y a pas l'étape suivante de validation.

Validation de la raison de ce ressenti:

La validation est ce point incontournable sans lequel on ne peut parler d'aide. C'est la validation qui procure à l'individu le sentiment d'être reconnu avec son ressenti et avec la raison de ce ressenti. Mais ce n'est encore que de l'aide et non de la thérapie. Dans la thérapie nous irons plus loin jusqu'aux étapes de réconciliation, d'individualisation et de réhabilitation. Ces trois éléments sont les fondements d'une thérapie maïeusthésique.

Aider et accompagner, c'est amener l'autre à dérouler le chemin qui se révèle en lui jusqu'à sa raison, jusqu'à la cause de ses ressentis... puis de le valider. C'est naturellement aussi la qualité de présence (y compris silencieuse) car la qualité de l'aide dépend avant tout d'une qualité d'être.

Par exemple une personne dit : "Je n'ai pas envie de manger" :

Être communicant c'est lui demander ce qui se passe et si elle répond qu'elle n'a pas le moral c'est valider en disant "Si tu n'as pas le moral je comprends que tu n'aies pas le goût de manger".

Être aidant ou accompagnant, c'est aller un peu plus loin en lui demandant "Qu'est-ce qui touche ton moral ?" Elle dit qu'elle se sent seule en ce moment, que la solitude a toujours été dure pour elle surtout depuis que sa meilleure amie est décédée. On lui demande alors "Cette personne vous manque trop ?" Si elle confirme par un grand OUI (verbal et non verbal) on lui dit alors "Si elle vous manque tant je comprends que vous n'ayez pas le moral et que vous n'ayez pas le goût de manger. Même si ensuite pour des raisons de santé on la force un peu à manger quand même, elle a au moins été reconnue dans ce qu'il y a de plus précieux en elle.

 

PSYCHOTHÉRAPIE
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