Quand l'enfant grandit, la maladresse reste. Il marche, il tombe, il pleure.
Quelqu'un s'approche et lui dit gentiment " Ne pleure pas, c'est
rien!"... et il pleure encore plus.
Ici aussi il est judicieux de l'entendre plutôt que de chercher à
l'apaiser. "Tu as mal?" il dit que
"oui"... alors on lui demande "Où ça, montre
moi?" il montre son genou. On continue par "Tu t'es fait mal sur quoi?" Il montre
l'endroit où il est tombé. A chacune de ses réponses on valide par un
"D'accord", ou "Ok" ou un signe de tête. On lui demande
enfin "Comment te sens tu?"...curieusement il répond "ça
va!" et il repart jouer. C'est beaucoup plus efficace que le "C'est
rien!"
Nous retrouverons ce processus à toutes les étapes de la
vie, aussi bien
avec les enfants qu'avec les adultes.
Nouvelle étape de l'individualisation où il
n'est plus un enfant... mais pas encore un adulte. Ce statut
"entre deux" lui rend difficile de se situer, d'autant plus que son
schéma corporel change brutalement et qu'il ne se
reconnaît plus, même physiquement. Souvent il n'aime pas cette
nouvelle apparence et c'est l'époque des multiples complexes.
Ceci est aggravé par l'émergence de sa sexualité qui lui donne envie de
séduire.
Quand viennent les chagrins d'amour les négations
du ressenti n'apportent pas l'aide espérée. Les affirmations du
genre "mais c'est pas grave, un de perdu dix de
retrouvé" sont comme un glaive dans leur cœur. L'intention de celui qui le
dit ,est sans doute généreuse, mais le résultat est
destructeur. Quand il dramatise telle ou telle
imperfection de son corps, on lui dit également "mais moi
je te trouve très bien" pour le rassurer... on l'agace car il
ne se sent pas entendu.
A tout cela s'ajoute le fait qu'il doit
s'individualiser par rapport à ses parents mais qu'il a terriblement besoin
d'eux. Alors il s'en sort en les rejetant un
peu... ou beaucoup! A
défaut de s'individualiser il devient individualiste.
Il est important de comprendre ce processus pour mieux entendre son enfant
adolescent. Il est important aussi de travailler sa propre individualisation
en tant que parent car, bien qu'adulte, nous ne sommes pas forcément encore
clairs sur le sujet. C'est une base pour mieux communiquer
avec lui et qu'il communique mieux avec nous.
Pour les parents c'est d'autant plus
délicat que l'adolescence de leur enfant leur
rappelle la leur (qui n'était pas forcément rose non plus). S'y
ajoute aussi qu'à cette époque de la vie où on a
des enfants ados, on a en même temps des parents âgés. C'est
aussi le milieu de sa propre vie (40 /50 ans)
et c'est aussi le passage d'une étape à une autre. Voir comment exploiter
ces résonnances
personnelles dans les pages applications
à soi-même. Voir aussi le passage de l'intérêt à l'attention
avec le sens de la déprime.
Voilà une étape moins coincée qu'autrefois mais toujours surprenante
pour les parents. Ils n'imaginent pas plus la sexualité de leurs enfants que
leurs enfants n'imaginent celle de leurs parents. Étonnant ce monde où tout
le monde fait l'amour en pensant que les autres ne le font pas!
Être indiscret n'est pas souhaitable, mais ne pas en parler non
plus. L'argument de la discrétion est souvent un alibi à la gêne qu'ont les
parents à aborder le sujet.
Pour aborder un tel sujet avec plus d'aisance (sans chercher à être
parfait) il suffit d'apprendre à considérer son enfant comme un individu
plutôt que de ne considérer que son statut familial "enfant"
Vient plus rapidement qu'on ne le pensait, le moment où ils quittent la maison.
D'abord un peu
pour leurs études, puis pour vivre leur vie de couple ou de célibataire.
Une étape qu'ils souhaitent
(souvent en la redoutant un peu) mais à
laquelle les parents résistent (même s'ils sont contents pour
leur enfant).
Ce
moment d'acceptation réciproque de l'individualisation (et oui encore une
fois) se fait bon gré mal gré. Il ne se réalise souvent que partiellement.
Il en restera des séquelles qui font cette alchimie familiale où l'amour
cherche à s'exprimer. Où chacun cherche à être aimé. Où même à travers
plusieurs générations des êtres ont vécu des choses fortes dont le
ressenti attend toujours d'être pris en compte (et génère des répétitions
transgénérationnelles).
Être présent sans être étouffant.
Savoir conseiller en écoutant
vraiment (pas de solutions toutes faites). Aider sans commettre
d'ingérence,
sans s'immiscer à leur place dans leur vie. Être proche et chaleureux en
évitant l'affectivité (lire
la définition de l'affectivité en cliquant sur le mot!)
Et surtout, tout en étant proche d'eux, ne pas oublier de vivre sa propre
vie à soi. Les enfants ont besoin que leurs parents existent. Pour que les
parents existent il faut qu'ils aient un peu de bonheur. Pour qu'ils aient du
bonheur, il faut aussi qu'ils pensent à eux.
Si des parents égoïste sont une souffrance pour les enfants,
des
parents du genre "je fais tout pour toi et je ne veux rien pour moi"
sont source de tristesse et d'inconscience. Le meilleur cadeau qu'on puisse
faire à ceux qu'on aime, en plus de les aimer, c'est d'exister et
d'être heureux.
A défaut (on n'a pas toujours la chance d'être heureux) c'est d'exister et
de partager les choses de la vie telles qu'on les ressent. Pas de masques et
beaucoup d'authenticité permettent une vraie rencontre qui ne fait pas
regretter le passé.